L’aile des prisonniers. La salle de douche. Je me sens nauséeux. Je sens que des immondices suintent par tous les pores de ma peau. C’est l’effet qu’un séjour au trou fait sur le corps et dans la tête me direz-vous, tellement l’endroit et insalubre, sale…Mais, moi je vous dis que c’est autre chose. Moi je crois qu’Ils ont lâché des parasites invisibles entre ses murs. Ce n’est probablement pas un peu de savon qui tueront ces vermines impossible à voir. Après tout, Eux les ont créer.
Ça doit bien faire une demie-heure que je suis immobile sous l’eau glacé. J’attends. Je ne sais pas ce que j’attends, mais j’attends. Et mon corps tremble tellement il a froid. Mais, ma raison ne sent rien. Aucune voix dans ma tête ne me prévient d’une éventuelle pneumonie.
Soudain, le bruit d’une porte qui grince et claque. Puis, la musique de pieds nus marchant sur un carrelage humide. Clac. Clac. Clac. Après, on entend un autre jet d’eau. Je ne vois pas tout ça. Je suis dos à tout ça. Mais j’entends. J’entends dans mon immobilité. Et j’attends. Mais je n’attends rien de précis. Je finis par lever le nez et regarder discrètement par-dessus mon épaule. L’intru est une femme. Une intrue. Malgré son apparence androgyne et de sa poitrine presque inexistente, je le sais tout de suite au vu de sa nudité. Elle est nue.
Elle est nue. Je le suis aussi. Le bout de ses seins pointent légèrement au contact de l’eau froide.
Mon coup d’œil perd toute sa discrétion à mesure qu’il s’éternise. Le bout de ses seins. Sa peau pâle. Ses marques. Ses grains de beauté éparse. Tout ça me paraît dès lors d’une obscénité gênante. Mais délicieuse. Douloureuse. Excitante. Quand je commence à me rendre compte que ce n’est plus que ma raison qui est en émoie mais mon corps aussi, spécifiquement dans la zone du bas-ventre, je détourne le regarde ausssi sèquement. Elle m’a vu la regarder.
Le rouge vient colorer mon visage blanc et balafré, autant par une gêne honteuse que par la colère. Elle n’avait pas le droit de me voir la regarder!
« Plus le monde se mondialise, plus la terre se terrorise. »
Assise sur le lit que je viens de m'attribuer dans ma nouvelle chambre, la « cellule 3 », je reste immobile à la recherche de quelque chose à faire, à penser. Mais rien ne vient. Mon corps est une coquille vide que mon esprit à déserté. Tout ça, je le sais, c'est à cause de cette justice injuste. Je me sens littéralement pourrir et je sais que je ne pourrais pas tenir longtemps dans cette prison. A cause d'eux, à cause d'elles. Moi, tout ce que je voulais, s'était jouer un peu, essayer d'aimer. J'ai choisi des prostituées comme j'aurais pu choisir des clochardes, des cadres, des politiciennes où même des hommes. Sauf que les prostituées ont cette misère que la vie reflète sur elles qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Je ne suis pas Jack l'éventreur comme les médias se sont amusés à me nommer. Je ne veux pas enjoliver le monde. Je veux juste jouer. Juste faire comprendre au monde que certaines choses ne s'achètent pas. J'ai le pouvoir de leur prouver. Je ne suis pas une criminelle. Je ne suis pas non plus une justicière.
Je me gratte le crâne nonchalamment et pousse un long soupire. Les gardiens m'ont bourré le cerveau, m'ont énoncé les règles, m'ont tout bien expliqué et l'ont refait une seconde fois, au cas où ce serait mal rentré la première fois. Mais c'est si bien rentré que je n'arrive plus à me le sortir. Ils m'énervent déjà. En venant jusqu'à ma chambre, j'ai pu constater que l'interminable couloir débouchait sur une salle de bain collective. Je suis déçue, j'avais au moins imaginé que nous aurions une salle de douche par cellule. Je sors de ma chambre et m'engouffre à pas lents et discrets dans le sombre couloir. Il est effrayant et imposant, mais plus que lui, je redoute les détenus. Lors de mon excursion, je croise deux prisonniers qui me regardent étrangement et je n'essaie même pas de déchiffrer ce qu'ils doivent penser. Ça semble si évident après tout. Encore une nouvelle. Pas trop mal. Il faut l'intimider, qu'elle se soumette. N'importe quoi. Je ne suis pas de ce genre-là, moi. J'arrive finalement dans la pièce des douches, mais ma seule envie est de repartir tout aussi vite. D'accord, j'ai un peu trop fantasmé en imaginant avoir ma proche salle de bain, mais là c'est vraiment ignoble. Crasseux avec cette vieille odeur renfermée d'humidité et de transpiration virile extrême. C'est répugnant. Mais peu m'importe, je ne suis pas ici pour faire l'état des lieux. Enfin si, mais pas totalement. Je veux surtout me laver du long voyage que je viens de faire ainsi que m'éclaircir les idées sur ma première impression de cette maudite prison.
De l'eau coule déjà, je ne suis donc pas seule dans la pièce. Je n'aime pas cela. Je n'aime pas partager, même s'il ne s'agit que d'un espace. Je me déchausse, puis retire mes vêtements que j'accroche à un clou dépassant du mur. Le fameux parasite qui occupe mon territoire est un homme. Dommage. Il est à peine plus grand que moi et n'a pas vraiment la corpulence que l'on imagine d'un taulard. Je ne vois pas son visage. Il a dans son dos un tatouage plutôt intriguant, plaisant. Je ne m'attarde pas plus et me dirige vers l'un des jets d'eau. Je l'ouvre timidement, m'attendant au pire et mes craintes s'avèrent vite fondées. L'eau et glaciale et je ne peux retenir un gémissement plaintif. Je sens mes poils se hérisser et des frissons parcourent mon échine puis s'étendent jusque dans mes bras. Je bascule légèrement ma tête et l'eau vient directement agresser mon visage. Mes yeux sont fermés, mes mains essuient l'eau qui revient continuellement sur ma figure puis recoiffe mes cheveux vers l'arrière. Lorsque je rouvre mes paupières, je fais en sorte que l'eau se centre sur mes épaules. Lentement, c'est comme si tout mon être se vidait, comme si le froid me plongeait dans une douce léthargie et quand je me réveillerais, je serais libre. Mais mes pupilles ouvertes ne me montre que les bordures de cette funèbre taule.
Il y a lui aussi. Il me regarde. Je ne sais pas depuis quand, je ne sais pas exactement pourquoi, mais il me regarde intensément. Je le sens depuis tout à l'heure. Quelqu'un me regarde. Je ne suis pas paranoïaque. Et ici, ça ne peut être que lui. Il détourne les yeux. D'où je suis, j'ai très bien vu sa cicatrice à la commissure des lèvres. On dirait le sourire de l'ange et penser à cette torture me procure des spasmes d'excitation. Un instant, j'en oublie tout. Pas longtemps, seulement le temps de refouler ma perversion. Puis tout me revient. L'eau trop froide, les façades sales, le sol mouillé, l'inconnu, le tatouage, le regard gênant. C'était malsain. Beaucoup trop pour moi. Insupportable. Je ne peux pas. Pas avec tant de débauche. Pas par un homme.
Je me sens nue. D'un côté, je le suis, c'est vrai. Mais ce n'est pas de cette façon-là que je parle. Je me sens faible, frêle, sans aucune protection. A vif. Mon corps est totalement dévoilé et bien que je n'aie aucune pudeur, c'est assez désagréable. Mais surtout, le problème vient de mes armes. Elles m'ont été confisquées depuis mon arrestation et je n'ai pas encore eu le temps, l'occasion ni les moyens de m'en procurer une nouvelle. Voilà donc ce qui explique principalement mon malaise du moment. Cependant, il me paraît tout bonnement improbable que le prisonnier fasse quoi que ce soit envers moi. Ce n'est pas que je sois candide. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais c'est obligé. Il ne peut pas. Pas à moi.
A l'aide du savon que je me suis procurée, je lave minutieusement chaque partie de mon corps. Mes yeux ne quittent pas ma cible. Je veux qu'il me voit, je veux qu'il me désire tandis que mes mains caressent lascivement mes seins, mes épaules, mes bras, mon ventre puis descendent jusqu'à mes jambes et finissent par mon anatomie. Désires moi. Je suis un plaisir que tu ne peux t'offrir. Je suis un plaisir que tu es incapable de combler. Alors contentes toi de m'envier. Contente toi de me regarder. Mon visage est impassible, mais tu n'imagines pas à quel point je m'amuse. Je m'amuse et je me ris de toi. Tu me parais si pathétique. Les hommes sont tous comme cela. Retournant sous l'eau qui refuse de se chauffer, je ne peux m'empêcher de sourire. Je réalise enfin à quel point cet endroit va être plaisant. Il y a tant de gens, tant de proies, tant de vies à découvrir. Comme une chasse au trésor. Je lève un bras vers le plafond, paume vers l'extérieur et doigts écartés. Je m'étais trompée. Les prostituées ne sont pas forcément les êtres les plus passionnantes. Les criminels, mes « semblables » le sont sans doute beaucoup plus. Et ça me fait rire, oui. C'est une révélation des plus drôle.
- Tu as vu ? Le ciel est jaune et la terre est bleue.
... Seules nos mains sont rouges.
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Sujet: Re: Pas le droit (PV) Mer 10 Mar - 18:07
Je reste dos à elle, résistant férocement à l’envie de la regarder encore ou bien de m’enfuir carrément en courant. Il y aussi cette envie, la même que j’ai eu pour ces adolescents. Celle de prendre sa tête entre mes deux mains et de la lui fracasser violemment contre le carrelage. Suis-je assez fort lui briser le crâne d’un seul coup? Oui, certainement, si je le fais bien…Mais suis-je capable de le faire voler en éclat? L’image semble agréable dans mon esprit…Et pourtant, je suis passablement certain de me tromper. Non, je ne pourrais pas faire un feu d’artifice de sa cervelle. En même temps, je n’ai jamais testé la chose. J’ai tué ces garçons avec une arme à feu. Quelle gâchi quand j’y pense…Seule Ma Douce a réellement souffert, la seule dont que j’ai réellement tué à contre cœur. Ma Douce. Ma Belle. Ma Merveille. Ma Parfaite, si Parfaite Chose. Mais Eux, Eux c’est une autre pair de manche. Eux, ils n’avaient que ce qu’ils méritaient. J’aurais du les faire souffrir plus. J’aurais du…Les démembrer. Leur arracher les boyaux. Et le faire devant Ma Douce pour qu’Elle comprenne combien ils étaient monstrueux à l’intérieur, que leur sang était plus foncé, moins liquide. Mais, il est trop tard. Tellement tard.
Dieu me le pardonnera largement. Mes yeux se glissent sur la chaînette que je porte au cou. Avec cette petite breloque tellement connu. Une croix. Je regarde plus bas. Mon membre est toujours horriblement tendu. Mes idées vont tout de suite du crucifix jusqu’à l’inconnue. Ne serait-elle pas plus jolie avec une couronne d’épines? Je tourne la tête, lui souriant de ma joue meurtrie et mes yeux se posent directement sur ses doigts fins. Un savon qu’elle frotte…Non, qu’elle glisse…Non. Qu’elle caresse contre sa peau. J’ouvre de grands yeux malgré moi. Le rouge ne me monte pas aux joues cette fois, au contraire, je pâlie. Mais…Que fait-elle? Sale pute. Une sale pute. Elle se caresse. Elle sait très bien que je la regarde. Sale pute. Mais l’insulter ne calme pas mon bas ventre. Au contraire. Sentant la colère et l’excitation montées d’un cran, je me résoue à détourner les yeux. Faire autre chose. Penser à autre chose. Oublier. Ne donner satisfaction à personne. Ni à elle, ni à Eux. Ça leur ferait bien trop plaisir que je commète quelque chose d’irréparable. Je récupère mon savon et recommence à frotter. Tomber dans une absence m’arrangerait bien. Mais, ça n’arrive pas quand on le souhaite. Ça arrive, c’est tout. Pour oublier cette catin, je continue de l’ignorer, de frotter ma crasse. Je fais jouer mon disque préféré dans ma tête.
Did-did-did-did-you see the frightened ones? Did-did-did-did-you hear the falling bombs? Did-did-did-did-you ever wonder why we had to run for shelter When the promise of a brave new world Unfurled beneath a clear blue sky?
Mon érection se calme peu à peu.
Goodbye, blue sky Goodbye, blue sky
- Tu as vu ? Le ciel est jaune et la terre est bleue.
Je fronce les sourcils, prenant conscience qu’elle m’a parlé que quelques secondes après. Je me tourne vers elle, intrigué.
-Pardon?
Elle se caresse encore.
-Je pas comprendre quoi vous dire.
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Sujet: Re: Pas le droit (PV)
Pas le droit (PV)
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