Sujet: Koenraad Von Uelzen [Libre] Sam 5 Fév - 16:48
Le voyage Hamburg-Sadismus n’avait rien de plaisant… J’avais beau être dans une magnifique berline avec chauffeur, les paysages qui défilaient me donnaient plutôt le cafard… Après avoir longé l’Elbe un long moment, puis quitté la ville, l’atmosphère changea du tout au tout. Hamburg possède un côté chaleureux et rassurant, contrairement à l’hostile campagne allemande. Quelle horreur ! Je me contracte dans mon siège et serre les dents. Trop tard pour faire demi-tour.
-Un peu de musique, monsieur Von Uelzen ?
Crispé au possible, la musique pouvait être bien plus efficace qu’un anxiolytique…
-Oui, merci Karl.
Des baffles sortit un son mélodieux. L’espace entre le siège passager avant et le mien était assez grand pour me permettre d’étendre mes interminables jambes. La Marche Funéraire de Chopin. Je m’affaissais sur la banquette, pouvant enfin me détendre. Il pleuvait, et tant mieux, je ne voyais pas le paysage défiler, au départ du moins…
-Quand monsieur reviendra-t-il ?
Sa question me fit sourire, je me retrouvais face à la triste évidence. Là-bas, personne ne me traitera de la sorte, personne. Un milieu austère m’attend, sans luxe, sans fioritures, sans charme. Je devais survivre deux ou trois mois, pas plus !
-J’espère rentrer d’ici deux mois… Je ne souhaite pas en faire mon métier, si cela peut te rassurer.
Karl tenta d’étouffer un petit rire nerveux.
-Je n’en doute pas, monsieur.
Reposant mon crâne contre l’appui-tête, mes yeux se fermaient d’eux-mêmes.
La berline freina brutalement. -Kaaaarl !! Qu’est-ce qu’il se passe ici ? J’adore qu’on me réveille de la sorte… Pas mieux pour que je sois irritable. -Pardon monsieur, un engin agricole ralentit le trafic. -UN QUOI ? Mais où sommes-nous ? -Nous approchons…
Deux minutes ! C’est quoi cette blague ?
Je me jetai un coup d’œil dehors ; des champs ! Je cherchais une prison des yeux dans ces univers hostile. -Rassurez-vous, il nous reste environ 70 kilomètres. Là, tout de suite, c’était beaucoup mieux. Après une petite dizaine de kilomètres derrière cet « engin agricole », nous reprenons enfin une vraie route, avec de vraies voitures, nous traversons des villes, des ponts, bref, nous rejoignons enfin la civilisation ! J’avais prévu d’arriver vers 9 heures et demie. Bon….. Si Karl pousse un peu la voiture, on peut y être facilement…. -Karl, phase 2. -Très bien monsieur. Oui, nous avons une sorte de langage codé entre nous. D’un coup d’accélérateur, notre bolide atteignit les 140 km/h.
Plus nous nous rapprochions plus mon estomac se nouait. J’avais une petite expérience en la matière, mais cette prison renfermait des fous dangereux. Bon, ils ne doivent pas tous être si…. Affreux ? Je sortais de ma poche un petit papier plié. Je le dépliais, le repliais, le dépliais, le repliais, le dépliais, le repliais et le dépliais une dernière fois, le geste était parfait cette fois. Y était inscrite une petite liste :
« SURVIVRE : -à l’environnement de la prison -aux prisonniers -à la nourriture -à la literie -aux collègues -à mes crises de TOC -à l’hygiène médiocre »
Un regard sur l’extérieur ; nous quittions une petite bourgade. Au loin, un imposant bâtiment émergeait des brumes matinales. Plus nous nous en rapprochions, plus j’avais l’impression que sa taille augmentait. En fermant les yeux, j'eus l'impression d'entendre des cris. Est-ce que c'est vrai qu'au contact de la folie, on l'attrape aussi .... ?
Quel nul je suis ! Quel stréssé surtout ! J'attrapais un tube de Gelsémium 5ch et pris cinq granules. Karl s'engouffra dans l'allée peu accueillante. Je boutonnais ma veste de costume, la déboutonnais, la reboutonnais, la déboutonnais, la reboutonnais, la déboutonnais, pour enfin la boutonner une bonne fois pour toute. Je regardais le barbelé et les grilles de l'enceinte défiler.
Et puis au fait, que va bien faire un Ambassadeur dans une prison ?
Koenraad Von Uelzen [Libre]
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